La mort dans l’œuvre de Shakespeare

L’exploration de la mort par Shakespeare est un thème récurrent tout au long de ses pièces et sonnets. Des déclarations tragiques sur la mortalité aux réflexions poignantes sur l’au-delà, les mots du Barde résonnent d’une pertinence intemporelle, offrant réconfort et compréhension face à la fin inévitable de la vie. Cet article explore le thème de la mort chez Shakespeare, en analysant comment il dépeint cette expérience humaine universelle à travers un langage puissant et des images évocatrices.

Une plume d'oie et de l'encre, symbolisant l'écriture de ShakespeareUne plume d'oie et de l'encre, symbolisant l'écriture de Shakespeare

La finalité et la peur de la mort

Shakespeare dépeint magistralement la peur et la finalité de la mort dans de nombreuses œuvres. Le célèbre soliloque de Hamlet, « To be or not to be » (Être ou ne pas être), aborde l’angoisse existentielle de l’inconnu, pesant les douleurs de la vie face aux incertitudes de la mort. La peur de l’oubli et la rupture des schémas familiers de la vie sont palpables dans ces vers.

La mort comme libération et transformation

Inversement, la mort est également présentée comme une libération des souffrances terrestres. Dans Cymbeline, la chanson « Fear no more the heat o’ the sun » (Ne crains plus la chaleur du soleil) offre une vision réconfortante de la mort comme une transition paisible, un répit des maux du monde et un retour à un état de quiétude.

Fear no more the heat o' the sun,
Nor the furious winter's rages;
Thou thy worldly task hast done,
Home art gone, and ta'en thy wages;
Golden lads and girls all must,
As chimney-sweepers, come to dust.

Cet extrait souligne le caractère égalitaire que représente la mort, réduisant tous, indépendamment du statut ou de l’âge, en poussière. L’imagerie de « home art gone » (rentré chez toi) suggère un retour à un état primal et paisible. Le rythme apaisant et le ton doux du poème contribuent au sentiment de réconfort qu’il procure.

Amour et perte : l’impact de la mort sur les relations

Shakespeare explore fréquemment l’impact profond de la mort sur les relations humaines. La fin tragique de Roméo et Juliette met en évidence le pouvoir destructeur du chagrin et de la perte de l’amour. Le célèbre vers, « Parting is such sweet sorrow » (Se séparer est une si douce douleur), résume la nature douce-amère de l’amour et de la perte, reconnaissant la douleur de la séparation tout en s’accrochant à la douceur du souvenir.

La nature éphémère de la vie et l’héritage des mots

Les sonnets de Shakespeare réfléchissent souvent à la nature transitoire de la vie et au pouvoir durable de l’art. Le Sonnet 60, « Like as the waves make towards the pebbled shore » (Comme les vagues s’avancent vers le rivage caillouteux), utilise l’imagerie des vagues s’écrasant sur le rivage pour symboliser la marche implacable du temps et l’inévitabilité de la mort.

Like as the waves make towards the pebbled shore,
So do our minutes hasten to their end;
Each changing place with that which goes before,
In sequent toil all forwards do contend.

Ce sonnet reconnaît la nature éphémère de la vie tout en affirmant simultanément le pouvoir de la poésie de transcender la mortalité. Le distique final exprime l’espoir que ses vers lui survivront, préservant son héritage et défiant la « main cruelle » du temps.

Conclusion

Le traitement de la mort par Shakespeare est multiforme et complexe, reflétant tout le spectre des émotions humaines associées à la mortalité. Ses œuvres explorent non seulement la peur et la tristesse de la mort, mais aussi la possibilité de paix, de transformation, et le pouvoir durable de l’amour et du souvenir. Grâce à ses profondes réflexions sur la condition humaine, l’exploration de la « mort » par Shakespeare continue de résonner auprès des lecteurs des siècles plus tard, offrant réconfort, compréhension et une appréciation plus profonde de la préciosité de la vie.